Spiritualité
Bernard Forthomme
Les voyages médiévaux et modernes des Frères Mineurs
François d’Assise consomme la rupture avec le modèle des Croisades et des Pèlerinages comme avec le voyage identitaire aux sources, plus ou moins mythiques, notamment à la manière hellénique, ainsi que le voyage d’Ulysse. Son propre corps est à la fois le Mont Sinaï, le lieu permanent de la Nativité, le mont des Béatitudes, le Golgotha et le Jardin de la Résurrection, chœur ecclésial : terre de louange faite entièrement prière ! L’Origine, c’est la forme de vie évangélique, c’est actuellement, pas dans le mythe, l’allégorie, le passé. Le souffle de l’Origine, ce n’est pas les origines plus ou moins mouvantes et sans cesse à reconsidérer à partir des événements présents : c’est l’invitation universelle à la louange au beau milieu du voyage et du paysage. François avait coutume de se laisser devancer par ses compagnons de route, pour mieux s’arrêter ci et là, s’adresser aux éléments, méditer, louer. (...)
Le “Recogimiento”
I. UN ESPRIT DE RÉFORME ET LA DÉCOUVERTE DE L’INTENSITÉ INTÉRIEURE
Lorsque la Reconquête de l’Espagne est achevée et la découverte du Nouveau Monde s’inaugure, un mouvement profond de réforme spirituelle est depuis longtemps en préparation. Les Ordres mendiants, et plus particulièrement les franciscains issus de l’Observance (comme les cardinaux Cisneros et Quiñones, Pierre d’Alcantara et les recogidos majeurs, François de Osuna, Bernardin Laredo, Barnabé de Palma), vont jouer unrôle essentiel dans la diffusion de cet esprit de renouveau, d’une fi délité plus forte aux Ecritures hébraïques et grecques ou, du moins, à la lectio divina régulière, à la Règle primitive, à un offi ce liturgique abrégé (pour faciliter la mission apostolique), mais encore à une spiritualité qui s’émancipe de la scolastique formaliste, comme à un sens renouvelé de l’expérience plus autonome, et spécialement de l’oratio mentalis. La péninsule ibérique s’ouvre alors à l’humanisme ou au mysticisme italiens et, plus généralement, aux forts courants de réformes issus d’Italie. Francisco de Osuna (ca 1492 - ca 1540), le premier penseur majeur du recogimiento, relève que son propre initiateur, «mi maestro espiritual», pratiquait déjà cette forme de vie spirituelle depuis plus de quarante ans: «más había de cuarenta años»1. Ce qui situe l’origine du mouvement aux alentours de 1480. (...)
Sermon : L'Annonciation ou le recommencement à neuf
Un messager de Dieu arrive, mais c'est dans un petit village, un endroit perdu, un être inconnu. La figure évangélique de l'ange signifie toujours qu'il s'agit d'un événement obscur ou difficile à exprimer, soit au commencement inaccessible, soit à la fin ineffable. Une homélie extraite de la revue Esprit et Vie
Fr. Bernard Forthomme, o.f.m. 25/03/2009
Un signe de nouveautéUne annonciation n'est pas une simple énonciation, une affirmation logique ou la description détaillée d'un événement. C'est un signe de rupture, de nouveauté, d'un tel renouvellement qu'il ne peut se dire en termes habituels, en un langage qui sert ordinairement à décrire des évidences, des objets bien visibles et cernés ou à élaborer des raisonnements abstraits. Il s'agit ici d'annoncer un rajeunissement inouï de l'humanité. Ce n'est plus seulement le vieux monde stérile qui va se découvrir une nouvelle fécondité ; tout va recommencer à neuf, à partir d'une jeune fille. Non pas une jeune fille à qui l'on prêterait de manière ambiguë, sinon arrogante, une fécondité sans attache, une indépendance fabuleuse, une maternité mythique et une vitalité anonyme. La jeune fille se nomme Marie et elle est déjà engagée légalement envers un homme issu d'un peuple obscur, sans doute, mais mis à part depuis longtemps et qui s'en souvient continuellement.
Et si elle éprouve au plus profond d'elle-même une bonne nouvelle, c'est parce qu'elle est préférée, sans motif, parmi toutes les femmes. Cette femme-ci, obscure comme le lieu où elle habite, modeste comme tout ce qui est réellement grand dans son commencement, n'est pas le merveilleux sous la figure du féminin. Dieu n'aime pas abstraitement ou magiquement, il n'aime pas l'universel, ni même l'humanité. Il aime une personne absolument singulière, comme il a aimé un peuple particulier tout au long de son histoire mouvementée et difficile - c'est l'expérience même de ce peuple qui nous en témoigne -, mais c'est en vue d'aimer effectivement chacun à partir de cette singularité, d'une telle préférence.
Un signe de présence
La salutation est déjà un signe de cette présence ou de cette préférence divine, de son amour jaloux. Mais l'expérience d'une présence divine n'est pas simplement l'exaltation illusoire de soi. L'annonce de la présence de Dieu indique, déjà, qu'une mission va être confiée à la personne choisie. La mission libératrice du peuple atteste la réalité de la vision de Moïse, lors de l'expérience du buisson ardent, comme ici elle vérifie l'authenticité de l'annonciation intérieure. La salutation provoque ainsi le trouble chez la jeune fille qui s'éprouve appelée, dès l'épreuve de la présence divine, pour une mission discrète mais exceptionnelle.
Elle va se réaliser par un enfantement dont la promesse est faite. Il ne s'agit plus seulement, comme dans tout le passé d'Israël, de rompre avec la fatalité et le malheur de la stérilité ou de la vieillesse. Il ne s'agit pas d'une fécondité qui brise avec l'incapacité de l'âge, pour combler un défaut, mais d'une fécondité par surcroît. Une fécondité promise est une fécondité sans condition préalable, ni du corps ni de l'esprit. Ce n'est pas la liberté humaine qui inaugure la volonté de guérir l'homme et de le renouveler radicalement. L'alliance entre l'homme et Dieu est devancée par l'initiative absolue de la promesse du salut, l'annonce d'un fils dont aucune généalogie ne peut épuiser l'origine ni la destinée.
Un signe de renouvellement radical
Certes, ce renouvellement radical de la vraie vie ne se fera pas sans la réalité humaine et sans sa liberté. D'où la question posée par Marie : comment cela se fera-t-il puisqu'elle est une jeune fille ? La réponse qui annonce la puissance divine la couvrant de son ombre, fait appel à la puissance créatrice, libératrice et guérisseuse de Dieu. Créatrice, car la puissance de Dieu va couvrir Marie comme l'esprit de Dieu couvrant les premières eaux évoquées dans le récit de la Genèse. Puissance libératrice, car cette ombre divine va veiller Marie, comme la colonne de nuée dans le désert guidant le peuple d'Israël pour échapper à l'esclavage de l'Égypte. Force guérisseuse enfin, comme l'ombre dont parlent les Actes de Apôtres, lorsqu'il est dit que l'ombre de Pierre faisait du bien à tel ou tel malade, lors de son passage (Ac 5, 15). Il s'agit donc d'une force de vie et d'une forme de nuit où Dieu se rend présent dans le secret de l'histoire, des cœurs et des corps. C'est comme une nuit mystérieuse où Dieu engendre son préféré en l'humanité d'une femme et où, en elle, s'annonce déjà cette puissance déposée en chacun de nous : l'appel, non seulement à aimer notre prochain, mais à tisser avec lui des liens tels qu'il s'éprouve dans sa dignité de fils de Dieu - et pas seulement comme fils d'un animal ou comme fruit d'on ne sait quel hasard charnel, de je ne sais quelle technique de procréation ni d'une quelconque force de savoir, d'argent ou de prestige politique.
Mais la réponse théorique ne suffit pas lors d'une annonciation véritable. Il faut encore un signe. Et le signe du renouvellement radical de la vie, ainsi annoncé, se fera par la fécondité surprenante d'Élisabeth ; autrement dit, par le signe de la fécondité inattendue chez une femme âgée, telle que toute l'histoire d'Israël en éprouve la réalité dans sa profondeur. Mais c'est aussi un signe de rupture avec le passé et non une simple continuité des signes de la puissance vivifiante de Dieu. Le fils d'Élisabeth, Jean, non seulement reçoit un nom qui n'est pas traditionnel dans sa famille, mais va rompre avec la caste sacerdotale dont il est issu : il choisira une vie retirée au désert et non celle de prêtre ou de fonctionnaire du Temple. Le désert annonce la modestie du lieu de l'annonciation de Jésus lui-même.
Et c'est seulement après l'annonce d'un tel signe et de l'explication qu'elle avait réclamée, que Marie donne son consentement. Après avoir marqué la fragilité humaine, sa stérilité effective, l'évangéliste met l'accent sur la dignité de la personne, sur sa liberté face à l'annonce d'une promesse divine. La liberté mariale s'exprime alors par une présentation : « Voici la servante du Seigneur ! » Et non par « Je suis la servante du Seigneur. » Comme si tout son être se réduisait à n'être qu'un être de service ! Le « voici » qu'elle énonce exprime sa confiance en la puissance divine et l'affirmation de sa liberté face à un événement surprenant, inouï, face à la nouveauté de Dieu, et non une pure affirmation intemporelle sur sa réalité supposée de femme serviable. C'est à un tel renouvellement divin que Marie consent ; elle accepte que tout se passe suivant la parole dite : épreuve simultanée de la liberté et de l'abandon mystérieux à la volonté divine. Ainsi assuré d'un tel consentement, d'une pareille liberté, le messager de Dieu quitte Marie ; il se désannonce. Comme si Dieu se séparait de l'homme animé par une telle confiance, et lui laissait désormais le champ libre, l'autonomie nécessaire pour que se réalise plus spontanément la recréation, la délivrance et la santé nouvelle qu'il désire en faveur de chacun. L'histoire échouée dans l'impasse de la stérilité, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, du servage, des divisions désespérantes et combien cruelles, cette histoire paralysée est enfin relevée !
Source : Revue Esprit et Vie
Extrait de la revue Esprit & Vie n°71 / décembre 2002 - 1e quinzaine, p. 37-38. La revue, publiée par les Éditions du Cerf, compte 22 numéros par an. Tous les quinze jours, le lecteur traverse en 48 pages l’actualité ecclésiale, approfondit un dossier
Irruption des traditions et figures de Saint François d'Assise
Qu'est-ce qu'une tradition?
La transmission franciscaine qui constitue aujourd’hui notre préoccupation majeure, pose aussi la question de la tradition. Terme qui vient finalement de tradere ou de trans-dare, autrement dit : transmettre, remettre. On a l'impression que tout le monde comprend ce qu'est la tradition. On a tous une perception plus ou moins commune de ce que c'est qu’une transmission : faire passer quelque chose à un autre ! (...)
Irruption_traditions-figures-francois-assise.pdf
Les spécificités de ordres mendiants
La bévue majeure est d'identifier les Ordres Mendiants à un idéal de pauvreté, et plus encore à la mendicité. Les franciscains se nomment frères mineurs et les dominicains frères prêcheurs. Il s'agit d'abord de renverser la tendance politique et celle des nations par la logique évangélique, invitant à prendre non pas la place du majeur mais du plus petit (minor ; vlg. Luc 22, 26), non de celui qui domine mais de celui qui sert (François d'Assise, Admonitions 5,12). Plus je suis mineur, plus je suis frère ! (...)
Saint François d'Assise selon Raoul Manselli
Voici une nouvelle édition du grand livre du médiéviste italien Manselli, mais pourvu cette fois d’une longue introduction méthodologique ainsi que de notes précieuses et d’une bibliographie essentielle. Après l’élan donné par l’histoire romantique et un long siècle d’érudition de qualité exceptionnelle, voici un ouvrage qui ne se contente point d’une synthèse équilibrée, mais offre une approche dont le fil conducteur tenace parfois secret, est constitué par le « souvenir » de François tel que lui-même le présente dans ce qu’on nomme son Testament (à entendre d’abord au sens d’Alliance entre Dieu et François, entre lui-même et les frères de son mouvement, passé, présent et à venir). Mais l’Auteur n’enferme jamais François dans ses écrits ni en ses images successives contrairement à toute une école « fondamentaliste ». (...)
La Première femme du monde arabe à avoir dit et écrit : « moi, je … » - Hindiya d'Alep
Voici enfin deux études qui renouvellent de fond en comble l’approche de la première grande mystique strictement dite du monde arabe.
L’ouvrage de B. Heyberger fera date en la matière, tant il connaît les sources les plus variées avec une précision remarquable. Une telle connaissance du dossier n’aurait sans doute pas été possible sans cet ouvrage de près de sept cents pages consacré à la chrétienté proche-orientale moderne, ...
premiere_femme_monde_arabe.pdf
Brève Méthode d'Oraison
Cherche en toi un feu qui te prévienne, oui, cherche un point fascinant de lumière dans la noirceur, car nous partons tous du grand nocturne et de ce qui le déchire, de l'émergence du monde, d'un rayonnement cosmique prévenant la luminosité des astres, ou d’un malaise initial, des élancements de notre mal de tête, de notre viscéral écœurement, voire déjà de la nuit pascale — saut orgiaque de la servitude à l’élargissement.
Au commencement de l'oraison, ce quelque chose de lumineux perdu dans la nuit, je ne puis encore dire ce qu'il en est, si c'est au juste de l'énergie neutre, l'être créé ou la vie divine, bien que cette nuée ne m'induise pas intimement en inquiétude. Au contraire, je cherche ce signe lumineux, comme un foyer, un lieu fervent où je puisse me repérer et venir m'éclairer, m'attiser.
lL m'apparaît de loin comme un buisson ardent : je sais que cela illumine et que cela élance, flammèche en moi, mais je ne sais pas la nature exacte de cette lumière qui flamboie d'une étrange façon, attire mon attention par sa manière singulière de s'enflammer essentiellement (...)
La souffrance est une critique
L’énigme de la souffrance nous confronte très vite à des positions extrêmes. C’est l’essence de la souffrance qui pousse à cet extrémisme. C’est un sujet qui fâche nécessairement, qui enflamme, rend mal à l’aise… fait littéralement souffrir ceux qui s’en inquiètent. Coupant au plus court, les attitudes de facilité se présentent à l’homme. Soit nous exaltons la souffrance comme lieu de conquête de la subjectivité ou d’une délivrance existentielle face aux forces chosifiantes, soit nous la récusons comme instance d’avilissement de l’homme et de tout vivant susceptible de l’éprouver à sa manière. À moins de n’y voir qu’un avatar très ordinaire de la nature et de l’existence corporelle ou psychique avec lequel il faudrait négocier au mieux.
(...)
Souffrance_sante_mentale.pdf
L'épreuve de la banalité dans la vie spirituelle
Est-il possible d’éviter la banalité ?
La banalité nous décentre de l’exaltation lyrique de notre vie. Elle conteste l’indépendance naïve de notre expérience spirituelle, son exception revendiquée, pour la reconduire à l’usage commun, semblable à celui d’un four banal. Elle met en cause notre prétention arrogante à nous poser comme foyer original ou à vouloir nous en tenir à l’exercice personnel de notre vie profonde. Sans doute, elle risque ainsi de nous assujettir à une forme d’usage impersonnel de la flamme ou du souffle animateur de l’existence. (...)
Banalite_spirituelle.pdf
La violence évangélique
N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu non pas apporter la paix, mais le glaive (Mt 10, 34)
Extraits :
"...la violence divine, y compris des guerres de YHWH, paraît comme une manière de maintenir l’ordre du monde et des rapports sociaux, une fois celui-ci menacé. Sous un angle laïcisé, cette compréhension rejoint la justification de la violence dans la mesure où elle est structurante aussi bien au niveau des tensions commerciales, sociales ou institutionnelles, que des conflits psychiques."
"La colère de Jésus s’en prend d’abord aux plus proches, aux élus, à leurs dirigeants, à ses disciples et au premier d’entre eux, à Pierre, lorsqu’il refuse de voir la mort en face, et joue le rôle de l’esprit séducteur insufflant l’illusion de l’invulnérabilité (Mt 16,23 ; 4, 6). Colère qui s’affronte à l’aveuglement des plus proches « sans intelligence » (Mc 7,18) et à « la dureté de leur cœur » lorsque la vraie vie est à son tour manifestée (Mc 16, 14 ; Lc 14, 21). La colère déchire ainsi comme un éclair la nuit trop dure dès lors qu’elle recouvre l’événement de la mort comme celui de la vraie vie. Une telle colère éclaire les enjeux de la maladie et de la guérison, le sérieux infini de l’asservissement et de la délivrance irrévocable. Sa violence est l’énergie même de la sainteté divine et participe intimement à la force de sa miséricorde ou à celle de sa douceur. Il s’agit ici d’une miséricorde inouïe, violence de la douceur — la colère de l’Agneau (Ap. 6,16) — qui accroît d’autant la nécessité de l’intelligence de la vie à laquelle on est invité et de ce à quoi elle expose dès maintenant."
evangelique.pdf
The Stigmata of Francis of Assisi
"The old worl was growing filthy with a mange of vices... Suddenly, there lept upon the earth a new man... The new man, Francis, became famous for a new and stupendous miracle. By a singular privilege, not granted in previous ages, he appeared marked, adorned with the sacred stigmata... (Celano, De miraculis, 1-2).
Instead of wishing to seduce or to take control, the desire which takes shape in the stigmata resolutely distances itself from a possessive mode of behavior. The one whose hands are stigmatized can no longer take hold of the world as previously. The one whose feet are stigmatized can no longer walk on earth as a conqueror or a dominator. The one whose side is wounded can no longer enclose his gifts, nor his resentments or bitter regrets, in the walls of his chest. The bird of freedom finds a way to soar freely over hill and dale. Through the man who becomes aware of himself in this way, even in his flesh, and distinct from any form of ownership, goods are redistributed, and nature itself rediscovers its fraternal origins and, in unheard of splendor, the holy ardor which deep down provoked it.
The stigmata are, nonetheless, a form of Expression. They constitute a form of preaching when the lips are muted. The stigmata serve as a hearth for the word which comes from silence, the one which is subject to and submissive to all creatures in order to be better heard. The stigmata are the lips and eyelids of the flesh which reveal and contemplate the depths at the very moment where everything is silent, when the surrounding populace commands silence and the closing of one's eyes, where blindness reigns and not only that of sightlessness. When contentiousness among the brothers becomes very strong, when the destiny of the Franciscan fraternity becomes especially uncertain, when the Gospel runs the risk of utopia or a pious day dream, it is then that the new man decides to ascend Mount Alverna in a reinforced solitude. It is then, in the silence of a mysterious exchange, that the alone with the Alone, the sharing of the sufferings of the beloved with the Beloved takes place. That of which we can no longer say anything, but which impels us to meditate in our hearts. A secret which will manifest itself only if we distance ourselves from the jealousy of suspicion, the a-priori refusal of preference and radical singularity - for the benefit of the greater number.
Bernard Forthomme, o.f.m. (translated by Paul Lachance, o.f.m)
Os estigmas como sinal de preferência e suas contestações
Homo novus
O uso do termo “estigmas” para designar as chagas nas mãos e nos pés de Francisco de Assis (segundo frei Elias) ou verugas carnosas (seguindo a Vida Primeira) – neste sentido menos cristomórficas em Elias, mas também no Tratado dos Milagres ou Vida Segunda – uso parecido sugere que os sinais criminosos se inscrevam no campo de uma poderosa significação espiritual de um processo polêmico. Se o uso de um tal vocábulo não se impõe numa pesquisa crítica destinada somente a verificar a veracidade e o contexto do fato, sua credibilidade e sua força justificam-se e se impõem a partir de uma abordagem do singular irredutível, do sinal de preferência e de eleição exclusiva, motivos que sucitarão rivalidades pela percepção do excepcional ou da glória creditada à comunidade que a reinvindica. (...)
StigmatesBresiliens.pdf